L'alignement pédagogique

Au cours de ce second module, j’ai eu l’occasion d’en apprendre plus sur la rédaction des objectifs d’apprentissage, sur la conception des évaluations et des instruments de mesures nécessaires à leur interprétation ainsi que sur les différentes composantes d’un plan de cours. La somme de ces diverses activités m’a fait comprendre que, pour permettre aux étudiant.es de développer les compétences visées, il est crucial que l’enseignant.e planifie son cours selon le principe d’alignement pédagogique. Il ou elle doit autrement dit s’assurer qu’un principe de cohérence régit ses objectifs d’apprentissage, ses activités d’enseignement et d’apprentissage ainsi que ses méthodes d’évaluations (Leduc et Potvin-Rosselet, s.d.).

Marzo, Magali. (2020, 19 octobre). L'alignement pédagogique [image en ligne]. Tirée du document « L'alignement pédagogique » de l'Université Lorraine. http://sup.univ-lorraine.fr/files/2020/04/alignement_pedagogique-2.pdf

Conçu par John Biggs, l’alignement pédagogique, ou constructive alignment, vise donc à faire en sorte que les processus cognitifs associés à l’intention de l’enseignant, à l’activité de l’étudiant.e et à l’évaluation des apprentissages soient équivalents (Brabrand, 2006). Il s’agit, en d’autres termes, de s’assurer que les processus cognitifs liés aux objectifs du cours seront également mesurés lors des évaluations et de mettre en place des activités d’enseignement et d’apprentissage qui permettront de former les étudiant.es à employer ces mêmes processus (Brabrand, 2006).

Au fil de mes lectures, j’ai constaté que l’évaluation joue un rôle important au sein de l’alignement pédagogique. Je me suis effectivement aperçue que, pour respecter le continuum « enseignement-apprentissage-évaluation », il me sera essentiel d’accorder une large place à l’évaluation formative en prenant soin de m’assurer que les modalités des méthodes pédagogiques que j’emploierai au sein de ces activités seront comparables à celles des évaluations sommatives et certificatives que je concevrai (Leduc, 2015).

Si l’utilité des évaluations formatives me semble indéniable, je dois cependant admettre que je me suis demandé, après avoir lu les chapitres de Leroux (2014), si les enseignant.es du système d’éducation québécois ont le temps, les ressources et les formations nécessaires à la conception et à la mise en œuvre d’une telle variété d’évaluations. Ce questionnement est en partie dû au fait que j’ai examiné, à l’occasion de l’activité d’analyse du plan de cours, tous mes plans de cours du cégep que j’avais conservés. Parmi plus d’une vingtaine de documents, moins de la moitié déclarait recourir à des évaluations formatives formelles et seulement un avait inclus ces dernières à son calendrier. J’ai donc été surprise de lire l’article de Leroux démontrant que, au moment où j’étais moi-même étudiante au cégep, la plupart des enseignant.es du niveau collégial avaient recours à de multiples formes d’évaluation formative permettant à l’étudiant de se préparer à l’évaluation sommative (2010).

Cet article a donc changé mon point de vue et m’a poussé à me demander comment je pourrais à mon tour concevoir des activités d’évaluations formatives qui me permettraient de respecter l’alignement pédagogique de mon cours. Comme je souhaite enseigner le cinéma et que les objectifs de cette discipline requièrent généralement que l’étudiant.e soit apte à produire une analyse filmique, les forums de discussion ou les blogues incarneraient à mon avis des activités du même niveau taxonomique permettant d’encourager la régulation des apprentissages des étudiant.es tout en les formant en vue d’une rédaction analytique sommative. En définitive, je crois que les outils numériques pourraient être un atout précieux à ma pratique enseignante, ces derniers pouvant me permettre d’ajuster rapidement mon enseignement en vérifiant de manière continuelle que les situations d’apprentissage prévues s’inscrivent avec pertinence dans le fil conducteur de mon cours (Leroux, 2014).


Bibliographie

Brabrand, C. (réalisateur). (2006). Teaching teaching & understanding understanding [court-métrage]. Aarhus University.

Leduc, D. (2015). L’évaluation des apprentissages : capsule 1, mise en contexte [vidéo]. Université du Québec à Montréal - Panopto. https://uqam.ca.panopto.com/Panopto/Pages/Viewer.aspx?id=06bfc63a-17bd-4429-9908-b5044b92ff21

Leduc, D. et Potvin-Rosselet, É. (s.d.). Les objectifs d’apprentissage. Université du Québec à Montréal. https://moodlefse.uqam.ca/pluginfile.php/29715/mod_resource/content/3/DDD7602_Re%CC%81diger%20des%20objectifs.pdf

Leroux, J. L. (2010). Comment des enseignants du collégial évaluent-ils les compétences? Article de vulgarisation présentant les résultats du rapport de recherche PAREA. Saint-Hyacinthe : Cégep de Saint-Hyacinthe.

Leroux, J. L. (2014). Évaluer pour faire apprendre. Dans L. Ménard et L. St-Pierre (dir.), Se former à la pédagogie de l’enseignement supérieur (1ère éd., p. 333-353). Montréal : Association québécoise de Pédagogie collégiale.


Commentaires

  1. Salut Claudine!

    En lisant ton article, j'ai aimé ta mention sur l'utilité des évaluations formatives et la présence de celles-ci dans tes cours collégiaux. En réfléchissant sur mon parcours collégial, je me souviens peu aussi d'avoir eu à réaliser des évaluations formatives.

    On pourrait même se demander si l'alignement pédagogique ne manque pas certaines variables dans son modèle, comme l'établissement collégial et le département. Je mentionne l'établissement collégial et le département parce que le montage d'un cours ne dépend pas seulement du cours en tant que tel, mais dépend aussi des intentions du département rattaché au cours et de l’établissement collégial.

    On pourrait même se demander si l'alignement pédagogique ne serait pas utopique dans le contexte collégial actuel, dans le sens que celle-ci est une finalité à atteindre, mais qu'elle n'est jamais atteignable au final puisqu'en réalité, l'environnement dans lequel on monte un cours n'est pas adapté à l'alignement pédagogique. On peut penser à plusieurs contraintes qui peuvent se présenter à l’enseignant comme le manque de ressources matérielles, la mentalité pédagogique du département, les contraintes politiques présentes dans l’établissement collégial, etc.

    Bref, je te remercie pour ton article parce que cela m’a fait réfléchir sur mon expérience et sur la réalité collégiale.

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  2. Bonsoir Claudine !

    J'ai beaucoup aimé ton article. Particulièrement lorsque tu parles des évaluations formatives.
    Je suis d'accord avec toi et en y repensant, je n'en n'ai pas eu beaucoup au post-secondaire.
    Peut-être que je ne suis pas tombé sur des enseignants qui trouvaient ceci important.

    Par contre, je me souviens aussi qu'avant mes premiers cours du PCPES, je ne savais pas trop quoi penser de ce type d'évaluation. J'étais le genre d'étudiant qui, comme nous l'avons vu avec Élaine Turmel au dernier cours, ne voulait que "passer" et avoir mes diplômes. Peut-être que certains enseignants au collégial se mettent à la place des élèves et se disent: "à quoi bon mettre plusieurs heures sur la construction d'une évaluation formative si mes élèves ne le feront pas ou n'y verront pas l'applicabilité?."

    Pour ma part, en tant que futur enseignant, je pense sincèrement en faire au moins 1 à 2 par session en éducation physique puisqu'à la lumière de mes lectures, je pense qu'il s'agit d'une façon extraordinaire d'aider les élèves à se préparer aux types d'évaluations sommatives que je vais donner et à les aider à consolider/mettre en pratique les connaissances acquises dans mes cours.

    Bref, très bon billet de blogue. Au plaisir d'en discuter d'avantage.

    Bonne soirée

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  3. Je me joins aux commentaires de Médérick et Alexandre concernant ta mention de l'utilité des évaluations formatives. En cherchant dans mes souvenirs, je ne me rappelle pas avoir vécu énormément de situations d'enseignement, principalement au cégep, où les professeurs mettaient de l'avant des évaluations formatives, ou du moins les nommaient clairement et exposaient la raison de leur utilisation. Bien souvent, ce qui pouvait s’y apparenter était des petits travaux notés avec des pourcentages minimes pouvant servir d’appoint dans la pondération de fin d’année. Rien que ne soit pédagogiquement très stimulant donc.

    C’est vraiment plus à l’université où j’ai rencontré des enseignants qui avaient clairement dans leur planification de cours, une ou deux évaluations formatives, notamment sous la forme de billets de blogue réflexifs ou « d’examen blanc ». Cette émule d’évaluation certificative reprenait des questions et/ou des exercices semblables à ceux qui pouvaient se retrouver dans les évaluations sommatives.

    On peu effectivement s’interroger sur les raisons qui font en sorte que les évaluations formatives ne sont semble pas plus commune, malgré ce qui avait été rapporté par Leroux. Le manque de temps et de ressources nécessaires constitue certainement une piste pouvant expliquer cela. J’ajouterais aussi que dans bien des cas, autant au cégep qu’à l’université, les enseignants n’ont aucune référence vis-à-vis de l’évaluation formative et même ne savent peut-être pas tous ce qu’implique l’alignement pédagogique dans la structure d’un cours. Beaucoup l’appliquent surement automatiquement sans le savoir parce que cela correspond à leur personnalité pédagogique, alors que d’autres le découvrent par hasard. Après tous, ce ne sont pas tous les enseignants d’institutions collégiales et universitaires qui suivent ou on suivit une formation en pédagogie.

    En tout les cas, une connaissance et une compréhension de cette mécanique ne peut je pense qu’être bénéfique autant pour l’enseignant qui sera capable de moduler ses activités et méthodes pédagogiques et pour les étudiants qui se sentiront plus à l’aise et engagés en voyant que leur enseignant est impliqué dans leur cheminement académique qu’il est là pour les aider à réussir et non pour les piéger.

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